la rigueur de l’analyse, quel que soit ses fondements referentiels, requiert de l’auteur une maitrise parfaite de son sujet, car toute supputation fantasmagorique aboutit irreversiblement a des conclusions oiseuses, qui frustrent aussi bien l’analyste que ses disciples.
c’est le cas d’aboubakr jamai qui a recemment confie au site electronique « minbarokom » sa surprise et son depit concernant le refus de l’usfp et du pjd de souscrire a l’appel du “mouvement du 20 fevrier”, expliquant, non sans amertume, que c’est cette position de boycott de ces deux grandes formations politiques, qui est a l’origine directe de l’etiolement de cette entite contestataire.
celui qui se base sur de tels postulats pour developper ses recherches prospectives afferentes a la situation politique au maroc, demontre clairement qu’il ignore affreusement l’histoire contemporaine de son pays.
a cet egard, il importe de rappeler que l’usfp avait, depuis 1975, privilegie l’option democratique en renoncant a la dualite ideologique marquant, a l’epoque la mouvance unioniste, et qui s’etait, durant plus de 15 ans, illustree par des velleites regicides nourries par une panoplie de groupes d’opposants au pouvoir, composes notamment d’anciens resistants, d’intellectuels et de syndicalistes gauchisants
durant cette periode trouble, le maroc avait vecu au rythme d’une serie de complots avortes, a l’exemple de ceux ourdis, notamment par cheikh al arab et l’aile radicale de fkih basri, lequel avait traitreusement pactise avec l’algerie, la syrie et la libye pour qu’ils le dotent en armes et encadrent militairement ses ouailles pour renverser la monarchie.
cependant, l’echec essuye par la cellule des “heros sans gloire” incarnee par omar dahkoun et mohamed bennouna, ainsi que l’alliance scelerate des blanquistes avec amokrane, l’un des militaires putschistes de 1972, ont definitivement renforce la conviction de l’usfp d’abandonner l’approche insurectionnelle pour participer graduellement et consensuellement a l’edification d’institutions democratiques solides et immunisees contre toute visee dictatoriale.
force donc est de constater qu’un parti, qui a su cumuler depuis 1975 plusieurs succes, ne peut, a nouveau, renouer avec la surenchere politique et s’allier avec les attentistes de la nouvelle ere, si ce n’est pour defendre, le plus legitimement du monde, ses positions relatives au seuil electoral, a la composition de la liste nationale et au decoupage electoral, ou encore exprimer son point du vue a propos de certains articles de la constitution.
car l’usfp a su tirer, avec pragmatisme, les enseignements de son passage au gouvernement, en constatant concretement que le cabinet royal se limite, dans le respect de la constitution, a jouer le role d’une courroie de transmission entre la monarchie et l’executif, sans jamais s’immiscer dans la gestion des secteurs gouvernementaux et ce, contrairement aux croyances revolues, qui ont ete immuablement inculquees a aboubakr jamai par sa mere, badiaa berraoui, du temps ou elle collaborait avec feus ahmed reda guedira et abdelhadi boutaleb, avant d’etre mise a la retraite.
s’il est etabli que beaucoup de changements consensuels sont intervenus depuis l’avenement du gouvernement de abderrahmane el yousfi et dans ce contexte, il est totalement illusoire d’imaginer que l’usfp acceptera, du jour au lendemain, de defiler aux cotes de soi-disant journalistes independants qui se sont acharnes, a travers leurs tribunes, a discrediter et a denigrer les partis de la gauche democratique, notamment lorsqu’ils geraient les affaires de l’etat. d’ailleurs, ces derniers continuent de patir de cette virulente campagne de presse, comme en temoigne le taux d’abstention ayant caracterise les dernieres elections legislatives et qui, a fortiori, reflete une profonde perte de confiance des citoyens en la classe politique.
dans ce sillage les marocains n’oublieront jamais la lettre apocryphe du fkih basri qu’avait publie “le journal”, qualifiant el yousfi de putschiste, alors qu’il est de notoriete que ce dernier, connu pour son attachement a la democratie, s’etait energiquement deploye pour faire triompher cette option lors de la tenue, en 1975, du congres extraordinaire de l’usfp.
plusieurs journalistes et employes ayant vecu l’experience du “journal” sont loin d’etre convaincus par les prises de position de aboubakr jamai en faveur du “mouvement 20 fevrier”, notamment lorsqu’ils se souviennent qu’a l’epoque ou leur publication etait florissante et rapportait des benefices colossaux a son bailleur de fonds, fadel iraqi, ce dernier ne s’acquittait pas des cotisations salariales au profit de la cnss.
est-il facile d’oublier les moqueries humiliantes des dirigeants du “journal”, tournant en derision le gout roturier de leurs employes et journalistes subalternes, qui consommaient du chocolat bas de gamme ou du poulet roti commercialise dans des snacks populeux, au lieu de savourer, comme eux, les delices du chocolat suisse de qualite superieure ou en achetant des chaussures, dont le prix d’une seule paire equivaut aux indemnites mensuelles d’un ministre.
il parait donc incense de croire que le peuple acceptera d’etre encadre par des militants snobinards d’un genre nouveau, qui n’hesitent pas a piller les droits des pauvres gens, a l’image de ce dirigeant du “mouvement 20 fevrier” a casablanca, qui s’imagine pouvoir recruter a sa cause la proprietaire de son logement en refusant de lui verser son loyer, sachant qu’il s’agit d’une veuve sans ressources, qui subsiste grace a cette rente mensuelle exclusive.
quant au pjd, il est utile de se rafraichir la memoire en rappelant que ce parti est une emanation de la « chabiba islamiya », une organisation portee sur la violence, dont les activistes avaient assassine feu omar benjelloun, tue des innocents dans le cadre de l’attentat de l’hotel « atlas-asni » et tente, plus d’une fois, d’introduire des armes au maroc, apres avoir suivi des stages de formation militaire en libye, en algerie et en syrie.
si aboubakr jamai, qui ne represente que lui-même, peut se permettre de s’engager dans des frasques hasardeuses, il n’en est pas de meme pour abdelilah benkirane qui, en sa qualite de dirigeant du pjd, ne peut s’aventurer a plonger son parti dans l’inconu en s’acoquinant avec des agitateurs s’evertuant a mener une revolution par procuration en instrumentalisant machiaveliquement les souffrances du peuple.
benkirane et consorts ont fait le choix d’evoluer dans le cadre de la legitimite institutionnelle et cette decision louable ne peut qu’etre bennie par tous les democrates, meme s’ils divergent sur quelques approches du pjd concernant la gestion de certains dossiers. la voix est desormais ouverte tant a benkirane qu’aux autres cadres de son parti pour diriger le prochain gouvernement, a condition que le peuple les plebiscite.
quiconque ne cerne pas la realite de l’histoire de son pays et de son peuple, doit s’astreindre a l’humilite et nous epargner les elucubrations d’une analyse sterile et dephasee.